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Chantal Jouanno, toute nouvelle sénatrice, vient d’être chargée d’une mission visant à protéger l’image des enfants renvoyée dans les médias, et notamment l’hypersexualisation des petites filles. Je ne sais pas si comme moi vous avez remarqué dans la rue ou dans les magazines ce phénomène des lolitas qui sont de plus en plus jeunes. Je sais bien que toutes les petites filles aiment jouer à la dame. On s’est toutes déguisées en prenant les chaussures de nos mamans ainsi que leurs robes pour se déguiser en Princesse, jusque là rien d’anormal. Mais cela restait dans la sphère familiale… Aujourd’hui dans certaines écoles élémentaires on est dans l’obligation d’interdire le maquillage et les talons hauts. C’est dire !
J’ai l’impression que notre époque est en train de faire des petites filles des mini femmes, objets de séduction. Je sais bien qu’il ne faut pas généraliser, et qu’il existe encore, et Dieu merci, des petites filles qui sont encore des enfants. Cependant, certains exemples extrêmes de ce phénomène prouvent que les comportements changent, comme les soutiens gorges rembourrés, les concours de mini miss (surtout aux Etats Unis) sans parler des clips des chanteuses auxquelles les petites filles s’identifient comme Shakira ou Beyoncé, qui n’ont rien à voir avec Chantal Goya et Dorothée si vous voyez ce que je veux dire.
A mon avis, le plus triste dans cette histoire, c’est que ce sont les mères qui volent l’enfance de leur propre progéniture, en faisant des projections d’un idéal qu’elles n’ont pu atteindre. Mais vous êtes d’accord, pour qu’un adulte se construise, il a besoin de passer par différentes phases d’apprentissage, et l’enfance est faite pour cela. Je ne veux pas faire ma Françoise Dolto de comptoir mais tous les pédopsychiatres vous le diront.
Or qui y a-t-il de pire que de dérober l’innocence d’une enfant ? Personne ne s’interroge sur les conséquences sur la psychologie de ces futures jeunes femmes. Quels vont être leur rapport au corps ? Leur rapport aux hommes ? Ces questions là ne dérangent pas grand monde apparemment à commencer par les industriels et les publicitaires.
Si on veut prendre le problème à bras le corps (si je puis m’exprimer ainsi), alors on comprend au final que c’est le désir d’être aimé qui induit de tels comportements. Les femmes réduisent leur être à leur corps et à la façon dont il va être paré, transformé, pour pouvoir plaire et être aimée. Et ce phénomène d’hypersexualisation des petites filles n’est en fait que le révélateur d’une certaine vision de le femme dans nos sociétés occidentales. Je me demande d'ailleurs pourquoi les femmes se laissent autant influencées par ces froides beautés sans âme que l’on voit dans les magazines. Retouchées jusqu’à la perfection, elles n’ont aucun plus rapport avec la réalité. La norme est devenue la femme soumise et réduite à un objet de désir : cela n’est pas digne des femmes.
Souhaitons donc bon courage à Mme Jouanno et espérons que le modèle féminin évolue et se rapproche un peu plus des femmes telles qu’elles sont IRL (In Real Life) c’est-à-dire bien plus belles et chaleureuses, malgré leurs petits défauts, que les beautés irréelles du papier glacé.
Sylvie